Son médicament, actuellement en phase de test sur l’Homme, pourrait en effet améliorer le quotidien, voire soigner durablement lespersonnes obèses ou souffrant de maladies inflammatoires chroniques, comme la maladie de Crohn. Le tout, sans aucun effet secondaire.
La fine fleur de la biotech bordelaise
Née il y a dix ans ans, sous le nom de LNC Thérapeutique, la start-upbordelaise s’est fait un nom en développant des solutions de nutrition destinées à traiter l’obésité. En 2018, rebaptisée Ysopia Bioscience, elle opère un virage stratégique pour concentrer ses efforts sur le microbiome et son utilisation thérapeutique. Une matière d’une richesse insoupçonnée :
« Ce que nous appelons microbiome, ce sont les milliards de bactéries, de virus, de champignons et autres micro-organismes qui peuplent naturellement nos intestins », détaille le docteur Georges Rawadi, qui a pris les rênes de la société il y a trois ans, pour accompagner son changement de cap.
Depuis 2010, les recherches sur le séquençage de l’ADN ont permis d’améliorer les connaissances sur ces bactéries collectées dans les selles explique-t-il : « Nous pouvons désormais établir une photographie instantanée de la composition du microbiote de n’importe quel être humain. »

Après plusieurs années de travail, la société met le doigt sur une bactérie très spécifique, qui fait défaut dans le microbiote de personnes souffrant d’obésité et de maladie chroniques inflammatoires de l’intestin, « Christensenella ». « Une pierre angulaire de notre équilibre », selon le CEO d’Ysopia.
À l’image d’un élément d’un écosystème forestier par exemple, elle vient structurer un réseau de bactéries qui collaborent entre elles et joue donc un rôle crucial dans l’équilibre de notre microbiote, et de fait, sur notre santé.
Dr Georges Rawadi
Pour la première phase de test sur les animaux, l’étude pré-clinique, la société bordelaise a suralimenté des souris en graisses et en sucre de sorte qu’elles développent une forme d’obésité. Les laborantins leur ont ensuite fait ingérer Christensenella.
Plus encourageant encore, ces effets semblent s’inscrire dans la durée, même après l’arrêt du traitement. « Notre objectif aujourd’hui avec ces tests, est de démontrer qu’avec Christensenella, nous pouvons réparer un microbiote déséquilibré des êtres humains. »
Des essais clinique actuellement menés aux Etats Unis
« Très prometteur » donc, ce nouveau traitement, l’est aussi dans l’approche qu’il propose : « C’est une méthode globale contrairement aux médicaments développés jusqu’à maintenant qui ne traitent que les symptômes. Celui-là s’attaque aux causes profondes du dérèglement », affirme encore le CEO.

Bien tolérée chez les animaux, la molécule est actuellement testée sur l’Homme. Les essais clinique de phase 1 sont menés aux Etats-Unis, « premier marché en termes d’obésité ». Le pays détient en effet le triste record du taux d’obésité dans une population, avec près de 40% des adultes atteints selon les chiffre de l’Organisation Mondiale de la santé.
Si tous les feux sont au vert, le traitement devrait être sur le marché dans sept ans. « Il pourrait non seulement soigner les MICI, mais aussi l’anxiété et la dépression, puisque aujourd’hui, on sait de source sûre que l’intestin et le cerveau sont étroitement connectés. »
Devenez donneurs de selle
D’ici là, la société continue son travail de récolte de fèces afin de poursuivre ses études bactériologiques. « Nous avons lancé des campagnes sur le web, au niveau de la région. Il nous faut des personnes saines ou qui souffrent de maladie inflammatoire. »
Une fois identifiés, ces donneurs volontaires recevront un kit de collecte chez eux. Les échantillons congelés, serviront ensuite à alimenter la bibliothèque de bactéries.
Celles destinées au traitement seront ensuite cultivées « comme dans un petit jardin ».